“MM” ou la “Merveille des Merveilles”

I know, English-speaking visitors to this blog, this post “en Francais dans le texte” is a bad surprise for you. But it came that way, and after all it is only fair that from time to time my French-speaking visitors get their turn too!…

J’ai parlé il y a quelques jours de “Merveille”, mais maintenant il faut que je parle aussi de la “Merveille des Merveilles”: le Matrimandir. J’en viens, et je sens que c’est le moment d’en parler.

Revenant du Town Hall (la Mairie, dirions-nous en Français) en fin d’après-midi, pour une fois j’avais le temps de m’arrêter au Matrimandir, et, ô bonheur, c’était une période de la journée où c’était ouvert pour les Auroviliens;  j’ai donc laissé mon scooter au parking sous la garde du watchman, et dans ma hâte d’y être j’ai pratiquement couru tout le long des beaux chemins aménagés autour du Matrimandir, en passant exprès sous les branches fraternelles du Banyan Tree, centre précis de la ville;  j’ai laissé mon sac à l’Aurovilienne de garde au pied du Matrimandir, j’ai gravi à toute vitesse les marches d’entrée dans la vaste sphère, majestueuse et imposante comme une pyramide d’Egypte,  mais sphérique, qui vous surplomberait de toute sa hauteur;  je me suis assise sur la longue banquette prévue pour enfiler soigneusement les chaussettes blanches de rigueur, toutes prêtes dans leurs présentoirs; puis est venue la lente montée sur la spirale de la rampe, les pieds appréciant son épais tapis blanc;  j’ai tiré sur la lourde porte de marbre blanc, me suis glissée à l’intérieur en refermant la porte doucement derrière moi; sous le regard vigilant de l’Aurovilien(ne) dont la silhouette est à peine visible, discrètement et silencieusement assise à l’entrée, je jette un rapide coup d’oeil dans la pénombre aux coussins libres ici ou là sur le grand tapis blanc du sol; un choix vite fait, et me voilà installée, le dos confortable contre le coussin adossé au mur, mes jambes aux pieds enchaussettés allongées devant moi…

Il fait frais, presque trop frais, ma gorge réagit par une petite toux immédiate mais heureusement aussitôt apaisée; et je plonge…

Je plonge dans l’incroyable beauté de ce lieu à nul autre pareil.

C’est comme le lieu de l’âme, mais miraculeusement materialisé dans ce monde terrestre, dans cette physicalité ordinairement épaisse et lourde, mais ici devenue soudain comme diaphane; inversement, la paix, le silence et la beauté du lieu sont si intenses qu’ils en deviennent comme tangibles: ils font partie de l’air que l’on respire et dans lequel, doux et accueillant, on se sent comme enveloppé.

Dans cet espace circulaire à douze pans de hauts murs, on vit à la fois la vastitude et l’intimité profonde de l’âme avec le Divin dont elle partage et exprime l’essence.

Le marbre des murs, la surface polie des douze colonnes qui s’élancent vers le plafond, tout luit doucement, où que l’on pose son regard; mais c’est du centre que jaillit la lumière véritable,  et c’est là que le regard est irrésistiblement attiré et captivé: une grande sphère de cristal est posée là, sur le support que forment quatre symboles de Sri Aurobindo dressés verticalement sur un large symbole de Mère à plat sur le sol au centre.

On est comme dans un monde séparé du monde extérieur, et pourtant lui donnant tout son contenu, son sens et son potentiel de Lumière et d’Amour véritables. Dans ce silence on se retrouve soi-même… le vrai soi-même, infini et éternel, que notre existence extérieure nous fait trop souvent oublier et trahir sans même nous en rendre compte.

Ce lieu extraordinaire, si précieux par l’aide que nous pouvons en recevoir, mieux encore que de n’importe quelle église ou temple ou autre lieu de culte, n’est destiné justement à aucun culte, aucune cérémonie, aucun rituel collectif imposé par une religion. Ce lieu parle directement à l’esprit en nous, et aide notre conscience extérieure à rentrer en contact avec cet Esprit  qu’en vérité chacun de nous est, de toute éternité, même pendant que nous jouons à l’oublier afin de faire pleinement l’expérience  du grand Jeu Evolutif  se déroulant présentement sur la Terre.

Il n’est ni obligatoire, ni indispensable d’aller au Matrimandir, et ce n’est pas par sens d’aucun devoir qu’on s’y rend, mais simplement quand on en sent personnellement le besoin. Il peut bien sûr se trouver que d’autres Auroviliens y soient aussi à ce moment-là, mais l’expérience de chacun reste chaque fois individuelle et personnelle, un moment de rencontre entre soi et Soi.

Ce qui est la différence charactéristique entre l’attitude intérieure dans les Yogas traditionnels et l’attitude intérieure dans ce Yoga d’Evolution, c’est qu’il ne s’agit plus de rejeter le monde et le corps physiques, mais de les transformer progressivement en les expressions physiques de l’Esprit qu’ils ont toujours été prévus de devenir: c’est le Pourquoi même de tout cet immense processus évolutif qui maintenant approche de son apothéose – littéralement: la “Vie Divine” dont Sri Aurobindo a révélé la venue et rendu possible l’avènement.

Et c’est dans le corps même de Mère que les conditions permettant l’apprentissage de cette nouvelle façon de fonctionner se sont accomplies, la conscience des cellules elles-mêmes s’éveillant peu à peu au besoin du Divin et à lur propre nature secrète divine.

Dans cette Chambre Intérieure du Matrimandir, dont Mère a eu la vision répétée, la sphère de cristal centrale, avec le rayon de lumière solaire la pénétrant d’en haut, avaient une sigification symbolique particulièrement importante:

“L’important, c’est cela, c’est le jeu du soleil sur le centre. Parce que cela devient le symbole – le symbole de la réalisation future.”

Je me suis longtemps demandée ce que Mère voulait dire par là, et la compréhension m’en est un jour venue, en lisant les autres passages de “L’Agenda de Mère”, Volume XI (1970) d’où est extraite aussi cette citation: à la même époque, l’expérience cellulaire de Mère allait de plus en plus dans le sens d’un effort vers la transparence, une transparence de plus en plus complète et parfaite à la Lumière de Vérité maintenant à l’oeuvre sur la Terre, afin que rien en nous, jusqu’aux minuscules cellules de notre corps, ne fasse obstacle à cette Lumière ni ne déforme son action transformatrice  à tous les niveaux de notre être. C’est à la réceptivité et la transparence totale à cette Lumière  que nous devons aspirer, et c’est la réalisation de cela que le cristal représente symboliquement dans la Chambre Intérieure du Matrimandir.

La compréhension de cela,  reçue il y a des années, m’a permis d’ajouter cette dimension de plus à ce qu’était déjà pour moi le Matrimandir.

Depuis, tout le travail accompli pour terminer sa construction dans les moindres détails intérieurs et extérieurs de la sphère, a réalisé un tel degré de beauté dans l’inspiration créative et de perfection dans la Matière, que maintenant chaque fois que je pénètre à nouveau dans ce lieu je ressens avec une intensité renouvelée ce fait si joyeux, que vraiment c’est la Merveille des Merveilles…

10 Comments (+add yours?)

  1. Chantal
    Mar 19, 2012 @ 11:16:43

    merci Bhaga de ce beau texte! Je veux partager avec toi ce ressenti qui m’envahit également lorsque je vais au Matrimandir! et c’est vrai que la compréhension de ce signifie cette lumière venue d’en haut et qui éclaire comme un rayon laser cette boule de cristal donnant ainsi la vision de quelque chose d’une grande pureté, la conscience de tout cela ne fait qu’ajouter au sentiment que l’on est face à la merveille des merveilles!
    je t’embrasse
    Chantal

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    • Bhaga
      Mar 19, 2012 @ 14:22:24

      Merci à toi aussi, chère Chantal! Je suis contente que tu aies pris la peine de lire ce texte aussitôt, et d’xprimer ton appréciation par ce commentaire.

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  2. Catherine
    Mar 19, 2012 @ 13:00:21

    Quand je suis entrée dans le Matrimandir en janvier 2012 (pour la 3è fois depuis ma première venue en Inde en janvier 2000), j’ai ressenti qu’il représentait pour moi le symbole de l’Humanité en marche vers l’accueil de la Divinité en elle, et comme le dit Mère, en chacune de ses cellules.
    Le Matrimandir, concrétisation des efforts de l’être humain depuis les commencements de sa quête du Divin ; une réponse à son aspiration à Le manifester.
    Ca a été pour moi un grand bonheur de participer par ma modeste méditation en ce lieu, à ce grand mouvement évolutif de l’Homme.
    J’espère y retourner un jour.

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    • Bhaga
      Mar 19, 2012 @ 14:29:10

      Bonjour, Catherine! Je suis contente que ce nouveau texte en français me vaille un nouveau commentaire de ta part, et que ce soit ce témoignage personnel fort et émouvant… Merci!

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  3. Random Ntrygg
    Mar 22, 2012 @ 00:25:56

    Wow

    Makes me wish that I had actually learned French.

    You see, I am a Canadian and French is a touchy subject in British Columbia.

    I always had a hard time with languages other than English – my Amma – that’s Icelandic for Grandmother – tried to teach me to speak Icelandic – I even took lessons sponsored by the Icelandic Club of British Columbia – and I learned some French in elementary school and High School – and back then – I could read French very well, but I never learned to speak it.

    Because to me, the masculine and feminine of Old Country languages was very confusing and when the first language that I was exposed to – in addition to masc and fem had neutral in addition to the other two…language concepts are a funny thing, they don’t teach the concepts in relationship to English and that’s part of what makes it so hard to communicate with English speakers from all the regions of the world where English is written and spoken very differently.

    wow

    You know, it’s funny, when you told me about Chariots of Fire, it didn’t occur to me to tell you that the year that that movie came out – was the same year that my favorite romantic film of all time was out in theaters and my Mom used to take me to all kinds of movies.

    Somewhere in Time

    Lost the Oscar for best costume to Chariots of Fire.

    and I didn’t understand, then or now, how baggy track outfits and dull dour clothes – could win over the gorgeous outfits that Jane Seymour and Christopher Reeve wore in Somewhere in Time.

    http://www.somewhereintime.tv/

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    • Bhaga
      Mar 22, 2012 @ 21:38:55

      Thank you for sharing with me your story with ‘Chariots of Fire’…!
      Some good news regarding this latest post of mine you are commenting upon: I have now managed to write and post my own translation of it, which I hope you will enjoy. 🙂

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    • Bhaga
      Mar 22, 2012 @ 22:08:10

      Mmmmm…. From the little I have just seen of the website you kindly gave me the link to, ‘Somewhere in Time’ seems to be a film I myself might very well fall in love with too!… Thank you. I’ll definitely have to investigate further about it and speak more with you about it after that!

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  4. Random Ntrygg
    Mar 22, 2012 @ 23:25:21

    I think that I could probably better appreciate Chariots of Fire now

    not so much when I was a know it all

    it’s much more interesting to be a know it some and just be open to possibility

    The music was always beautiful to my ear.

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    • Bhaga
      Mar 24, 2012 @ 16:20:58

      Good to be speaking now with a know it some, instead of the know it all from before!!! ;-D
      But we all have been a know it all at some point, so there is no ridicule involved, only one shouldn’t stay stuck there… Thanks ‘God’ (in you), you have already evolved into a know it some, so let’s celebrate together!!! Cheers!

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      • Nina
        Mar 24, 2012 @ 22:48:36

        I learned a long time ago to celebrate any kind of victory, and that’s been a huge part of the changes in me.

        I rarely or barely celebrated anything before racing off to the next challenge.

        I have to say that this time that I have had to be still and reflect inward

        has been amazingly rewarding in ways that I don’t think I can really understand, but, over the fullness of time

        who knows

        possibility is endless

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